Crédit photo : Étienne Dionne – avec Bast Gagnon

Envol et Macadam : la plateforme combative de l’alternatif

Établi sous les viaducs colorés de la Vieille Capitale, le festival de musiques alternatives Envol et Macadam met en vitrine les talents émergents d’ici et d’ailleurs depuis maintenant plus de deux décennies. À travers les années, il aura agi à titre de précurseur comme plateforme unique pour tous les artistes faisant dans le punk, le métal, l’indie, le hip-hop, l’électro et autres genres longtemps considérés comme marginaux. Et ça, la ville de Québec peut en être fière.

Pour sa 24e édition qui se déroulera du 5 au 7 septembre prochain, Envol et Macadam promet évidemment sa dose annuelle de musique nostalgique et de nouvelles figures détonantes. Au programme, on annonce des performances mémorables de formations mythiques telles que Lagwagon, Subhumans, Bigwig et Mononc’ Serge, mais également des passages survoltés de jeunes talents comme Peer Pressure, Still Insane et Free At Last, pour ne nommer que ceux-ci. Les festivaliers n’ont qu’à bien se tenir!

Pour en savoir un peu plus sur la programmation, les orientations du festival et la vision des organisateurs, on a posé quelques questions à François Valenti, membre en règle de l’équipe aux commandes du festival.

Vous avez récemment annoncé la programmation de la 24e édition qui se tiendra en septembre. Dans le lot, vous avez pigé dans certaines valeurs sûres qui sont déjà passées au festival et plusieurs autres qui seront présents pour la première fois. Comment avez-vous monté cette programmation? Qu’est-ce qui a orienté vos choix?

C’est sûr que le punk rock, le métal et toutes les musiques lourdes en général seront toujours notre phare pour s’orienter par rapport à la programmation musicale. Après, on y va aussi selon ce que les fans nous a demandent. C’est un mélange de tout ça qui fait la programmation d’Envol et Macadam. 

Lagwagon, c’est un des noms qui est souvent ressorti quand on faisait des sondages sur nos réseaux sociaux pour demander quels bands les festivaliers voulaient voir l’année suivante. Donc on essaie toujours d’aller chercher une valeur sûre comme ça. On a aussi Subhumans, qui est un groupe britannique qu’on ne voit pas si souvent que ça. On essaie donc d’aller chercher quelque chose d’un peu surprenant qui miserait également sur la nostalgie. 

On a également un band que les gens n’ont pas trop compris quand on a fait l’annonce, mais ça s’appelle Field Day. C’est principalement un groupe qui s’appelait Dag Nasty dans les années 1980. Ce sont leurs premiers albums qui ont fait le hardcore mélodique. Field Day, c’est le nom d’un album de leurs albums et il y a deux des membres qui ont décidé de reprendre le band avec un gars de Down By Law. Ils ont juste changé le nom pour dire que c’est pas exactement Dag Nasty. C’est une exclusivité canadienne. C’est une belle surprise pour les fans de hardcore. C’est la mission du festival de proposer un large spectre musical.

Vous l’avez mentionné, parmi les têtes d’affiche, vous êtes allés chercher Subhumans, des légendes britanniques de l’anarchopunk des années 1980. Qu’est-ce que ça représente pour vous de mettre la main sur un groupe mythique comme celui-là et comment ce booking a pris forme?

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Je pense que c’est le fruit de plusieurs années à parler à des agents, à essayer toutes sortes de choses. Des fois, il y a des bands qu’on essaie de booker pendant cinq ans pis ça ne marche pas pour plein de raisons. Et parfois, ça ressort de nulle part et l’agent te rappelle pour te dire que finalement le groupe est libre cette année. 

Et oui c’est quand même quelque chose d’avoir un band qui a marqué l’histoire de ce genre-là. C’est clair. Ça fait partie du dosage d’aller chercher un truc qu’on n’a pas vu depuis longtemps. C’est la mission de pousser tous les styles musicaux alternatifs.

En consultant la programmation, on se rend compte que Joey Cape offrira deux performances, soit une en solo et une autre avec son groupe mythique Lagwagon. Pour les non-initiés, qu’est-ce qui différencie le style du chanteur dans les deux cas?

Quand Joey Cape chante avec une guitare sèche, c’est un peu dans le courant qu’on voit depuis plusieurs années des bands punk rock qui font des sets acoustiques ou disons qui ont un côté un peu plus « folk ». Il est même souvent venu jouer en solo à Québec. Et évidemment, dans Lagwagon il y a du drum, des guitares et de la distorsion. On est dans quelque chose de plus rapide, plus pesant. Ça porte plus au thrash. Il y a des gens qui aiment Joey Cape en acoustique, mais qui n’aiment pas nécessairement Lagwagon. C’est comme deux carrières en parallèle. 

Il va jouer le jeudi à la soirée d’ouverture dans un contexte plus intimiste et moins formel, et le lendemain ce sera avec le band complet sur la grande scène devant la grande foule. C’est deux contextes complètement différents.

De votre regard d’organisateur d’évènement à Québec, qu’est-ce qui explique selon vous cette relation entre la musique lourde et la Vieille Capitale?

La ville de Québec est pas mal constituée de gens de régions. J’ai l’impression qu’une grande partie de Québec étant du monde de régions, de l’Est-du-Québec, que ces gens ont toujours eu une forte tendance naturelle pour ce qui est musique lourde. On le voit : Metallica est roi à Québec. Et c’est aussi une ville où la musique progressive et des groupes comme Genesis ou Jethro Tull ont toujours beaucoup tourné. Québec a toujours été un bastion de cette musique-là. Je généralise un peu, mais j’ai l’impression que c’est dans l’ADN des gens de Québec d’aimer la musique lourde, les guitares, les rythmes rapides. Je pense que c’est la fougue d’une jeunesse et que les années ont forgé cette identité-là. 

Le festival Envol et Macadam a un bel historique derrière lui et aura été précurseur dans l’implantation des petits festivals émergents dans la province. Parmi l’offre abondante actuelle des festivals, avez-vous une ambition de faire évoluer Envol et Macadam ou vous comptez rester fidèle à ses racines? Quels sont vos plans pour le futur?

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📸 : Etienne Dionne

En fait, on est un petit festival et notre survie n’est jamais vraiment assurée d’une année à l’autre. Même si ça fait 24 ans qu’on est là, on est toujours à la merci de ce qui va se passer et notre but c’est évidemment d’atteindre une stabilité pour toujours pouvoir perpétuer cette tradition-là. L’année prochaine, ce sera la 25e édition et on va essayer de faire un évènement  marquant pour l’occasion. Y’a pas tant de festivals de ce genre qui se rendent à 25 ans. 

Au niveau des ambitions, je ne dirais pas nécessairement qu’on veut grossir. En fait, la mission, c’est de donner du temps et de la visibilité à des styles qui n’en ont pas vraiment ailleurs. Le punk commence à être bien représenté depuis une couple d’années, mais ce fut quelques années où c’était difficile de se placer. Même chose pour le métal ou death métal. Ce sont des genres où il n’y a pas beaucoup d’opportunités dans lesquelles jouer dans de bons contextes professionnels. 

Dans le fond, notre mission, c’est de propulser ou de donner un coup de pouce à ces bands-là. Le mot « envol » dans Envol et Macadam, il est un peu là pour ça. Et nous, on essaie de créer des occasions, un peu à la manière d’un tremplin. On essaie humblement de leur donner ces outils-là. On sera fier dans 10 ans quand ces groupes-là feront la première partie de Offspring au FEQ, comme ce qui est arrivé avec Mute. L’ambition du festival, c’est de poursuivre sa mission et de le faire le plus longtemps possible.

Crédit de la photo de couverture : Étienne Dionne – avec Bast Gagnon

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