L’Anti Bar & Spectacles : rassembler pour mieux régner

Le nom de « L’Anti » sonne une cloche toute particulière dans l’esprit mélomane à Québec. D’abord établi comme étant une salle de spectacle qui a marqué l’écosystème culturel de la Vieille Capitale en présentant des shows uniques de groupes comme Avenged Sevenfold et Fall Out Boy lors de la précédente décennie, l’institution a ensuite fermé ses portes pour finalement renaître de ses cendres dans un nouveau format à l’été 2015. Et ce, de très belle façon.

Bien implanté au centre-ville de Québec, l’Anti Bar & Spectacles met en vitrine des spectacles festifs et éclectiques dans ses nouvelles installations de la rue Dorchester depuis maintenant quatre ans. Guidés par un flair musical notoire qui teinte son originale programmation et un désir réel de miser sur l’expérience sur place, notamment grâce à sa sélection de 53 sortes de bières, les nouveaux propriétaires ont su insuffler un nouvel élan de communauté dans leur établissement.

Cet esprit de rassemblement qui teinte l’aura de l’Anti, c’est entre autres l’œuvre de Karl-Emmanuel Picard, l’un des copropriétaires qui s’occupe notamment du booking et du bon déploiement des activités du bar depuis sa réouverture. Actif depuis des nombreuses années à programmer des spectacles un peu partout dans la ville, il s’apprête à donner le coup d’envoi des célébrations entourant le 4e anniversaire de son propre bar. On est allé à sa rencontre pour parler de la réouverture de l’Anti, de sa façon de faire en tant que programmateur et des festivités à venir.

L’Anti a fait un certain bruit lorsqu’il est réapparu il y a quelques années. Parle-nous de tes souvenirs de l’ouverture et des premiers mois à réinstaller l’Anti dans l’environnement culturel de Québec?

Honnêtement, au moment où on a ouvert, j’pense qu’il s’est passé un mois entre le moment où on s’est mis à y penser [à faire une offre] et qu’on est devenu propriétaires. C’est qu’on ne s’attendait pas à être propriétaires d’un bar à spectacle à ce moment-là. C’était même pas encore totalement finalisé et j’avais déjà ma programmation de faite.  Et quand on a officiellement eu les clés, en l’espace de même pas une ou deux semaines, on était déjà en opération. On ne pouvait pas avoir le local pendant un an de temps sans qu’il ne se passe rien. Il fallait qu’il y ait des shows et il fallait que ça goal!

Et les gens étaient vraiment réceptifs, y’en a pas mal qui nous ont aidés à faire les pancartes à l’extérieur ou même à faire le ménage dans le bar. Y’a comme un esprit de communauté autour de l’Anti.

Quand vous avez rouvert ça, avais-tu une vision particulière? Tu voulais que ce soit un bar axé sur le punk? Ou un autre genre musical en particulier?

Non. En fait, au départ, chaque fois qu’on faisait un show, il se mettait à avoir plein de graffitis et des collants un peu partout, et le lendemain je repeinturais et j’enlevais tout ça parce qu’on voulait avoir une salle qui soit neutre. C’est que c’est très compliqué de nos jours opérer un bar à spectacle parce que le monde ne se déplace pas nécessairement dans les shows. En ayant une salle neutre, on peut présenter toutes sortes de spectacles. On peut faire un party en plein jour pour les employés d’un journal, on peut faire un show punk, on peut faire un mariage, on peut faire un show hip-hop, etc. Même ma grand-mère elle a fêté ses 90 ans ici. On essaie vraiment d’opérer le bar le plus possible.

C’est aussi pour ça qui faut avoir des spectacles le fun. Je pense à Fred Fortin qui a décidé de passer deux soirs à l’Anti et à Jeff Martin de The Tea Party qui est venu jouer. Galaxie aussi sont venus jouer deux soirs. Il y a The Adicts qui, parmi toutes les salles, ont décidé de venir jouer deux soirs à l’Anti. Ça fait que le nom est quand même fait. C’est une charge de moins sur mes épaules!

Plusieurs soirées de spectacles et festivités sont prévues entre les 21 et 24 août pour souligner ce 4e anniversaire. Quelles sont ces soirées et comment ces shows ce sont-ils bookés?

Comme à chaque année, on fait l’Antiversaire! Dans le passé, on a eu des groupes comme The Flatliners, Silverstein, Cancer Bats et A Wilhelm Scream. C’était tout le temps des gros groupes canadiens. Cette année, ça va selon les opportunités et selon ce qui s’est présenté à moi.

Pour la première journée, on a Monster Truck et Dance Laury Dance. Monster Truck, normalement c’est un band qui joue à l’Impérial pis ils vendent 600 ou 700 billets. Ils ont joué sur les plaines d’Abraham avec Guns N’ Roses et une de leurs tounes est dans un des jeux de la NHL. C’est un gros groupe, c’est super cool!

Le lendemain, on a Irish Moutarde. C’est un groupe qui joue généralement à l’Anti une fois par année dans le temps de la St-Patrick et avec les gens de Québec, c’est super le fun à chaque fois.

Pour la troisième journée, on a Mute qui est un des plus gros groupes punk rock de Québec. Ils sont beaucoup reconnus notamment en Amérique du Sud et en Europe.

Et finalement, pour la quatrième journée, c’est Les Chien de Ruelles. C’est un band qui vient jouer ici depuis les débuts de l’Anti. Ça donne tout le temps des gros partys. C’est vraiment de méga gros line-ups!

Programmation de l’Antiversaire 2019

Ce n’est pas évident de réellement s’implanter dans une scène aussi mouvante et dans un marché aussi difficile. L’Anti est maintenant devenue une institution de la scène culturelle de Québec. Comment expliques-tu ce positionnement particulier? L’Anti a-t-il la clé du succès ou il y a une part d’heureux hasard dans tout ça?

Je pense que du fait que je continue quand même de faire des spectacles à L’Impérial, au D’Auteuil, et un peu partout à Québec, ça fait que c’est pas comme si on s’appropriait tous les shows. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais dans le fond, ça a une bonne chimie avec l’environnement de la ville de Québec.

Aussi, l’autre fois, il y a un journaliste qui disait à la radio qu’à l’Anti, tu peux autant voir un lundi soir un groupe qui vient de la Russie qu’un ancien chanteur de Scorpions ou un ancien guitariste de tel  autre groupe. Ça fait qu’on est quand même vraiment aisés dans nos choix. Je pense que c’est ce que le monde apprécie. Y’a pas beaucoup de salles qui offrent autant de diversité. Je pense que j’ai une idée pas mal claire de comment je vois la scène à Québec.

Le bar a un branding particulier, notamment en mettant beaucoup de l’avant la musique qui brasse et certains artistes hip-hop notoires dont Sinik et Onyx. Parle-moi du profil de l’Anti. Est-ce qu’il y avait un besoin à combler selon toi?

Je pense qu’à l’époque de l’Anti (le premier) et des centres communautaires, les gens apprenaient à se connaître. Ils échangeaient entre eux. Je me suis fait beaucoup d’ami(e)s à ce moment-là. Et quand cet Anti-là est fermé et que c’était rendu l’époque du Cercle ou l’Agité et les autres salles, il s’est mis à y avoir moins de spectacles. Et les shows, ça commençait et ça se terminait après la dernière toune. Avec le retour de l’Anti, les gens restent dans le bar après les spectacles, on traverse à la terrasse, etc. Y’a beaucoup de monde maintenant qui sont revenus et les gens créent des liens entre eux comme dans le temps. Ça crée un esprit de rassemblement.

Des fois, y’a des gens qui viennent tout seul à l’Anti parce qu’ils savent qu’ils vont croiser un ami qu’ils connaissent. Évidemment, si tu écoutes du punk pis que tu viens dans la soirée hip-hop ça va clasher un peu, mais généralement, si tu cherches un peu, tu vas trouver ton compte.

L’Anti Bar & Spectacles célèbre maintenant ses quatre ans. Quels sont pour toi les accomplissements qui te rendent le plus fier quand tu regardes derrière? Et est-ce qu’il y a certains buts ou désirs pour la suite des choses?

C’est quand même un bel accomplissement de ne plus avoir à convaincre les groupes de venir jouer ici. On a eu de très gros noms qui sont passés dont Sinik, Madball, BARF et Agnostic Front. Pis honnêtement, ici, c’est pas mal des gros shows! Pour la suite, si on pouvait avoir trois ou quatre gros spectacles par semaine dans le futur, avec des 175 ou 200 personnes, je serais ben heureux. On travaille fort.

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