Céleste Lévis : arrêter d’attendre

L’auteure-compositrice-interprète Céleste Lévis n’est pas du genre à patienter que les choses se passent pour elle. Menée par un vif instinct, l’artiste folk franco-ontarienne compose ses propres chansons et s’est inscrite à divers concours musicaux à travers l’Est du pays. Le grand public l’a d’ailleurs découvert lors de son passage à l’émission La Voix en 2015, une vitrine dans laquelle elle a exposé l’étendue de ses talents.

Forte de cette expérience qui l’a fait grandir sur plusieurs plans, la chanteuses originaire de Timmins a ensuite voulu poursuivre son propre chemin à sa manière. Depuis, elle s’est davantage émancipée au niveau de la direction artistique de sa musique, a enregistré son deuxième album par ses propres moyens et elle book ses propres tournées.

Entrevue avec une artiste déterminée qui prend tous les moyens entre ses mains pour faire avancer sa musique.

Ça fait maintenant un an que ton plus récent album Donne-moi le temps est paru. C’est un projet sur lequel tu avais poursuivi ton élan créatif. Comment décrirais-tu ton évolution artistique sur ces nouvelles chansons et comment ton public a-t-il reçu les chansons de ce deuxième album?

J’ai fait l’émission La Voix pis évidemment, à travers tout ça, j’avais fait des covers et tout et j’avais des chansons à moi que j’avais déjà enregistrées en EP. Quand j’ai signé avec Tandem Musique pour le premier album, ils ont mis toutes ces chansons à moi sur le premier album, mais en même temps, j’ai quand même eu de grands noms qui ont collaboré et qui m’ont offert des chansons. Et dans le moment, avec tout ce qui se passait, c’est exactement ce dont j’avais de besoin. J’avais un encadrement pour tout ça, mais aussi dans le style de musique. C’était folk mais un peu plus country, ce qui n’est pas nécessairement ce que je veux faire à long terme.

Le deuxième album était super important pour moi parce que, très vite après le premier album quand on fait la tournée, on dirait que tout de suite on changeait les chansons. Je ne me suis pas tannée du premier album, mais on dirait que j’étais déjà rendue ailleurs quand il est sorti. Ça fait que quand on a fait le deuxième, je me disais qu’il fallait que ce soit vraiment mes chansons qu’on pousse. Je voulais faire quelque chose plus folk indie. Donc c’est un peu ca qu’on a fait.

Je suis vraiment heureuse des expériences que j’avais vécues, mais j’étais vraiment rendue ailleurs. C’est là où j’ai décidé de vraiment choisir des musiciens et des gens que je connaissais depuis longtemps. C’est devenu beaucoup plus personnel et 100% moi.

Tu as admis en entrevue dernièrement que tu assumais de plus en plus tes influences comme Ed Sheeran et John Mayer. Tu as même fais un cover de Lady Gaga (de la chanson Million reasons). Comment en es-tu venue à affranchir cette partie plus pop de ta musique?

J’ai tout le temps pris les chansons des autres. J’adore faire des covers. C’est pour ça que l’émission pour moi c’était plaisant mais c’était le fun de changer les chansons un peu pour que ce soit plus « moi ». C’est super important. Je pense que c’est vraiment les paroles qui viennent me chercher, pis c’est pour ça que je peux changer la musique si j’en ai de besoin. Avant, Lady Gaga, c’était beaucoup plus pop, pis c’est devenu plus folk justement avec Million Reasons que j’ai repris. Donc ça m’avait beaucoup inspirée.

C’est aussi un projet sur lequel tu t’es autoproduite. Qu’est-ce qui t’a mené à cette entreprise de ta part et de quelle manière ça a teinté l’album? Tu tenais à garder un contrôle sur plusieurs aspects créatifs?

C’est ça. C’était une super belle expérience avec Tandem, mais eux, évidemment avec les ventes d’albums qui ne vont pas super bien et tout, pour eux, c’était autre chose. C’était tout dans le même temps que je poussais pour faire le deuxième album. J’étais comme « come on, let’s go, on doit commencer! » Finalement, j’ai décidé de le faire moi-même parce que je sais aussi qu’il faut sortir de quoi de nouveau souvent de nos jours. Les gens changent ce qu’ils aiment à chaque couple de chansons et c’est plus difficile. Donc je voulais vraiment sortir quelque chose. Le titre, Donne-moi le temps, c’est un peu ça. J’ai pris le temps d’essayer de bâtir quelque chose. Pour moi, c’est important de continuer.

Dans ton parcours, tu as eu la chance de te joindre à la tournée de Francis Cabrel et de prendre part à ses ateliers à Astaffor. Est-ce que de côtoyer un monument de la chanson et de suivre sa manière de concevoir a changé quelque chose à ta propre manière d’écrire?

J’ai tout le temps écrit la musique et les paroles toute seule. Et là, quand je suis allée là-bas, je n’avais pas le choix de sortir de ma zone de confort et d’écrire avec d’autres gens. En plus, j’étais la seule Canadienne pour cette édition-là, et avec un accent du nord de l’Ontario! C’était beaucoup de pression, mais j’ai réussi pis j’ai tellement eu une belle expérience avec tous ces artistes-là. Quand je suis revenue, j’ai écrit trois ou quatre chansons de l’album en revenant parce que j’étais tellement inspirée. J’ai collaboré avec mon guitariste, Marc-Antoine Joly, qui est là depuis que j’ai commencé la musique. J’ai vraiment trouvé une façon de grandir avec les autres. Ça m’a beaucoup aidé dans l’écriture.

Tu portes une grande fierté à ton identité franco-ontarienne. Tu as lancé ton dernier album le Jour des Franco-Ontariens et tu as tourné des émissions sur ta jeunesse à Timmins. Comment décrirais-tu les traits typiques des Franco-Ontariens et comment ça se reflète dans ta conception de la musique?

Ma famille est francophone, on est cinq personnes pis on a cinq accents différents (rires). La réalité dans le nord de l’Ontario, ça dépend vraiment de ta famille. Personnellement, je n’écoutais pas la télé en français. On n’a définitivement pas une culture anglophone, mais pas une culture québécoise non plus. C’est ça qui est différent. Mais pour moi, rendue au secondaire, y’avait des écoles qui étaient plus francophones, pis j’étais comme jalouse parce que je voulais que ce soit plus en français. C’est devenu une passion. Et j’ai réalisé vite fait qu’il y avait beaucoup d’opportunités en français, pis c’est là où j’ai commencé à écrire et m’inscrire a des concours. Ça a juste évolué en moi. J’adore ça.

C’est beau et tellement important, particulièrement avec tout ce qui s’est passé dans la dernière année avec le gouvernement et tout. Les artistes de l’Ontario en ce moment, on vit vraiment des écoles et de tous ces évènements-là. C’est difficile quand on voit se faire couper tous ces fonds-là. Et les artistes franco-ontariens qui sont vraiment passionnés, on ne va pas avoir la chance de grandir parce que ça ne va plus exister. C’est pour ça que c’est tellement important d’aller au Québec, au Nouveau-Brunswick et un peu partout. C’est un battle difficile, mais on va l’avoir!

Tu es en tournée depuis la parution de Donne-moi le Temps. Est-ce que cette tournée a fait pondre quelques nouvelles chansons? Tu vois déjà la direction que pourrais prendre ton prochain album?

Oui un peu! Y’a quelques nouvelles chansons. Dans le moment, j’essaie vraiment de me concentrer sur la tournée, mais je vais même essayer de chanter des chansons en anglais aussi. C’est quelque chose que je fais depuis que j’ai commencé, mais que l’ai délaissé depuis plusieurs années parce que j’étais tellement dans la francophonie et tout. Donc c’est quelque chose que je fais en ce moment. Pis je sais que j’ai un petit following en anglais aussi qui attend des chansons, donc c’est le fun aussi d’essayer de grandir ce public-là.

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