Depuis 17 ans, les Grandes Fêtes TELUS font vibrer la belle ville de Rimouski et ses alentours pendant quatre jours avec une programmation internationale toujours plus audacieuse et éclectique d’année en année. Un rendez-vous devenu incontournable dans l’Est du Québec pour tous les mordus de musique et d’événements de grande envergure. Rencontre avec Sébastien Tremblay, fondateur et directeur des Grandes Fêtes TELUS qui nous parle de l’organisation générale d’un festival et des nouveaux enjeux liés à l’inflation et à la pénurie de main-d’œuvre qui sévissent actuellement au Québec.

Un festival qui fait les choses en grand!

« Pour l’édition 2022, ce sont plus de 80 000 visiteurs qui ont foulé le site en quatre jours, annonce Sébastien Tremblay. Sur toute la durée du festival, on présente environ 25 artistes répartis sur les deux scènes. Cette année, on avait également ajouté une scène supplémentaire, 100 % francophone et gratuite. »

Un événement à grand déploiement qui demande une logistique et des ressources en conséquence. « Au niveau des employés, lorsqu’on tombe dans la grosse période d’activité, c’est-à-dire trois mois autour du festival, ça peut monter jusqu’à 150 personnes, déclare le directeur du festival. Et concernant la programmation, on commence à regarder en juin/juillet, c’est-à-dire que l’événement n’était même pas fini qu’on attaquait déjà les négociations pour 2023! »

Inflation et impact sur le prix du billet

En 2022, la pandémie a malheureusement fait place à une inflation record. Programmateurs, diffuseurs de spectacles, organisateurs d’événements et les productions d’artistes affirment à l’unisson que les coûts de production ont explosé dans tous les secteurs de l’industrie et que cette situation va devenir un enjeu capital dans les années à venir. Même si pour l’instant, le prix du billet reste épargné, ce phénomène pourrait, à terme, avoir un impact sur celui-ci et donc le budget divertissement du consommateur. « Concernant l’augmentation des coûts en général, il faut garder en tête que l’événementiel, c’est de l’argent discrétionnaire, c’est-à-dire que ce n’est pas un besoin vital, mais on a quand même besoin de se divertir dans la vie, résume Sébastien Tremblay. Alors, si on prend en compte toutes les augmentations extérieures comme les hôtels, les restaurants ou le transport, ça devient très vite dispendieux pour le consommateur qui vient séjourner à notre festival. Donc on doit vraiment réfléchir au prix qu’on veut appliquer et c’est pour cette raison qu’on n’augmente pas le prix du billet, car, à un moment donné, ça ne devient plus accessible pour le budget des gens. »

Une inflation qui s’étend au-delà des frontières du Québec : « Au niveau de la programmation, comme celle-ci est internationale, tout se paye en $ US. En ce moment (entrevue réalisée le 24 novembre 2022, NDLR), le taux de change est très fort, à environ 1,4. Ça implique que si le cachet d’un artiste représente un million de $ US, ça coûte 400 000 de plus en $ CA en raison du taux de change. »

Événementiel et pénurie de main-d’œuvre

Nonobstant l’inflation, une autre problématique touche actuellement le Québec de plein fouet dans tous les secteurs, y compris le milieu de l’événementiel. Il s’agit d’une pénurie massive de main-d’œuvre. « On a de la chance, car au niveau de l’interne , on n’a pas manqué de main-d’œuvre. Cependant, il a fallu trouver un moyen de travailler avec les fournisseurs en complétant avec nos équipes, donc on a dû recruter un peu plus en misant sur de beaux avantages pour nos employés, affirme Sébastien Tremblay. »

« Car le problème, c’est que les sous-traitants et les fournisseurs manquent cruellement de personnel. Donc ils sont obligés de sélectionner les contrats et d’augmenter les prix. Ce qui fait qu’en plein pic d’activité, une personne qui fait habituellement déjà 60 heures par semaine en fera 80 pour compenser. Alors, on travaille beaucoup sur la recherche et le développement pour numériser certains aspects comme installer des bornes à l’entrée afin de soulager les équipes. » Et de compléter : « Une autre problématique avec l’événementiel, c’est que c’est un milieu attractif où tout le monde a envie d’y participer, mais la difficulté, c’est qu’on ne peut pas engager des gens à temps plein toute l’année. »

Incitatifs et nouvelles solutions

Alors avec tout ça, quel impact sur le prix des billets et l’engouement des festivaliers? « Pour l’instant, la clé du succès, ça reste d’avoir un bon prix, une bonne programmation et un bon réseau de distribution, affirme le directeur des Grandes Fêtes TELUS. Concernant le prix du billet, pour notre part, on ne touche pas au prix du billet en admission général. On va plutôt jouer sur les expériences clients avec les billets super VIP. Il y a un public qui est prêt à payer pour des billets avec plus de valeur comme des places réservées à l’avant-scène, des rencontres avec les artistes, etc. »

« Il y a également beaucoup d’incitatifs qu’on lance avec plusieurs mois d’avance comme des préventes à rabais. C’est un bon moyen de profiter du bouche-à-oreille, mais c’est également un moyen de financer les artistes, car il faut faire des dépôts à la signature du contrat. Cette année, on va aussi lancer la possibilité d’acheter des cartes-cadeaux qui vont pouvoir servir à l’achat de billets pour le festival. »

Vers un billet à la tarification dynamique?

Au même titre que les billets d’avion ou les trajets en Uber, le public est de plus en plus confronté à la tarification dynamique concernant l’achat de billets pour des spectacles de poids lourds de la musique. Une pratique pour l’instant assez controversée qui mène parfois à des polémiques importantes, mais que le directeur du festival surveille avec attention : « Je ne serais pas surpris que dans les années à venir, les forfaits ou billets soient en formule dynamique. C’est-à-dire qu’après un certain nombre de billets vendus, il y a une augmentation de prix qui se fait systématiquement. Ça pousse le consommateur à se procurer son billet rapidement, explique Sébastien Tremblay. » Un point qu’il entend pondérer. « Après, ça dépend de quelle manière tout ça est géré. Si ça génère des prix exorbitants, ça va juste frustrer le consommateur et c’est perdant pour tout le monde. En revanche, si tout le monde respecte les niveaux de prix et que ça joue sur l’offre et la demande de façon très équilibrée, ça peut aider les événements dans leur organisation et les consommateurs dans leur décision. »

Merci à Sébastien Tremblay pour son témoignage. On en profite pour souhaiter une très belle édition 2023 à toute l’équipe des Grandes Fêtes TELUS.

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