Visuel de couverture de l'article 2023 sur la journée des droits des femmes par Lepointdevente.com

Journée internationale des droits des femmes | ex-membre du groupe Canailles, notre collègue Alice Tougas raconte son expérience de la scène musicale en tant que femme et artiste!

Depuis plus d’un siècle, le 8 mars est considéré comme la Journée internationale des droits des femmes qui vise notamment à dénoncer les inégalités par rapport aux hommes et mettre de l’avant la contribution essentielle des femmes à la société. C’est ensuite à l’aube des années 70 que cette journée acquiert l’ampleur et la portée primordiale qu’on lui connaît aujourd’hui. À l’occasion de cette journée spéciale, nous nous sommes entretenus avec notre collègue Alice Tougas, conseillère en événementiel, et ancienne membre du groupe Canailles, pour obtenir son point de vue sur l’industrie musicale au Québec en tant qu’artiste féminine.

10 ans de bons et loyaux services

Pour les rares personnes qui ne connaîtraient pas Canailles, il s’agit d’un groupe de folk/blues/cajun qui a fait danser tout le Québec et même jusqu’à l’international pendant 10 ans jusqu’à sa séparation officielle en 2021. « J’ai eu un premier projet avant Canailles, mais ça n’a pas duré longtemps. Ensuite, j’ai rencontré les gens de Canailles et j’ai découvert le blues, le folk et le cajun. Je devais avoir 23 ou 24 ans à l’époque. Au départ, on était plutôt un groupe de reprises. Puis, on a décidé de composer en Français et ça a duré dix ans! J’étais là, de la création jusqu’à la fin du projet ».

Le groupe Canailles. Crédit photo : Camille Gladu-Drouin.

On comprend rapidement que chez Alice, devenir musicienne, c’était plus qu’une envie, mais une véritable vocation inspirée par l’amour de la musique et appuyée par des modèles féminins. « J’étais entourée de gens qui étaient musiciens, donc je savais que c’était un métier difficile. Mais tout s’est passé naturellement. J’ai eu pas mal de modèles féminins autour de moi qui faisaient de la musique, ça m’a beaucoup inspirée, déclare Alice Tougas. Par exemple, j’ai grandi avec la Fanfare Pourpour, une fanfare qui est née à Montréal dans les années 90 et qui existe encore de nos jours. Dedans, il y avait des femmes qui jouaient de l’accordéon ou ce genre d’instruments et ça m’a motivée ».

Femme et artiste : un double défi?

« Même si j’ai vu au cours de ma vie des moments de sexisme, je ne me suis jamais dit : “oh non, je suis une femme, alors ça ne marchera pas”. Même au sein du groupe, il n’y avait pas vraiment de leader, il y avait bien sûr Daphné (Brissette, NDLR) qui tenait la scène en tant que chanteuse lead, mais sinon on s’influençait tous les uns les autres, que ce soit entre filles ou avec les gars, affirme l’ancienne accordéoniste du groupe. Toutefois, Daphné et moi, nous avons été les premières à amener le côté composition au sein de la formation, comme un vrai projet ».

Canailles en pleine représentation sur scène. Crédit photo : Camille Gladu-Drouin.

Et d’ajouter. « Le fait d’être un groupe mixte, ça a apporté un équilibre. Par exemple, Dan (Tremblay, NDLR) amenait des tounes plus punk tandis que moi j’apportais des chansons plus émotives comme Train. Ça ne m’a pas empêché de montrer aussi mon côté rock’n’roll, car je n’ai jamais voulu rester dans ce qu’on pense que peuvent produire les femmes habituellement ».

« D’ailleurs pour l’anecdote à propos de cette chanson, une fois en tournée, un gars m’a dit qu’il la trouvait super belle, mais j’ai eu l’impression qu’il avait du mal à croire que ce soit une fille qui l’ait composée au lieu d’en être seulement l’interprète comme on peut le voir souvent. Également, dans les débuts de Canailles, on avait une gérante et parfois les organisateurs lui demandaient c’était la blonde de qui dans le groupe. Mais sincèrement, je pense qu’il y a du monde qui a dû vivre pire que ça. Lorsque, par exemple, tu es une femme seule sur scène avec ta guitare ».

Vers une évolution des mentalités?

« On imagine moins des femmes faire du rock, car on les associe plus souvent au piano et moins avec une guitare et une basse. Je pense que c’est un problème de représentation, expose Alice Tougas. Même si ça va mieux aujourd’hui, c’est encore surprenant de découvrir de vieux groupes composés de femmes et de se dire : “Ce groupe-là a tourné pendant des années et on en a jamais trop entendu parler jusqu’à aujourd’hui, alors qu’il devrait être aussi connu que The Who!” ».

Canailles lors d’un de ses nombreux passages dans un festival en France. Crédit photo : courtoisie

Depuis peu, de nombreux acteurs de l’industrie réclament une programmation paritaire dans les événements et de nombreux festivals commencent à s’organiser en ce sens. Une bonne chose? « Je dirais que depuis des années, la couverte est tellement tirée d’un bord, que ce besoin de parité est arrivé pour simplement équilibrer les choses. Dans la vie, on fonctionne par modèle, on répète ce qu’on voit. Donc, c’est en voyant des groupes de femmes sur la scène que ça va inspirer d’autres gens, martèle l’ancienne membre de Canailles. Il faut demander aux festivals, aux programmateurs d’aller voir plus loin parce qu’il y a plein de bons groupes de femmes ou au moins mixtes. Il faut rétablir la balance, même si je ne suis pas pour le 50 % absolu, car il faut composer avec la réalité aussi. Le but, ce n’est pas de repousser les hommes, mais de créer ensemble  », rappelle Alice Tougas, puis de conclure : « Il faut continuer à parler aux gens pour combattre les préjugés. Si une fille veut se lancer dans une carrière musicale, il ne faut rien lâcher et s’entourer de personnes qui croient en toi. Et surtout d’avoir du plaisir en le faisant et de ne pas se mettre de barrières ».

Merci à notre chère collègue Alice de s’être prêtée à l’exercice et nous avoir livré un peu de son expérience de la scène musicale québécoise en tant que musicienne et artiste. N’hésitez pas à découvrir le témoignage d’autres collaboratrices de Lepointdevente.com à propos de leur passion pour l’événementiel.

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